Depuis le début de cette semaine, plusieurs femmes dont Zoe Quinn, ont confessé publiquement avoir été victimes d'abus de la part de figures réputées de l'industrie du jeu vidéo.
Ce mardi 27 août 2019, Nathalie Lawhead, game designer indépendante de Tetrageddon, a accusé Jeremy Soule, compositeur américain réputé ayant oeuvré sur les bandes originales de The Elder Scrolls V : Skyrim ou encore Guild Wars 2, de l'avoir violée.
Dans un long post sur son blog, elle explique que les faits remonteraient à 2008, à Vancouver. Suite à leur rencontre, Lawhead et Soule ont entamé une amitié professionnelle d'abord très bienveillante, ce dernier faisant figure de mentor pour elle alors qu'elle travaillait sur un jeu en réalité alternée. L'attitude du musicien aurait changé et, alors qu'elle était en position de faiblesse, il aurait multiplié les avances et menacé son emploi, avant de la violer.
Peu de temps après, c'est Aeralie Brighton, chanteuse entendue notamment sur Ori and the Blind Forest, qui a décidé de rendre public le comportement abusif de Soule à son égard en 2014. Elle énonce elle aussi une relation amicale saine tournant rapidement au harcèlement et à l'incitation à entrer dans une relation avec lui, capable de briser sa carrière.
Jeremy Soule - dont Materia Collective a préféré s'écarter - a nié les accusations et déclaré être "en désaccord avec le point de vue de Lawhead et ne pas être en mesure d'apporter un commentaire" à Kotaku. Il a supprimé ses comptes et pages officielles sur les réseaux sociaux.
Zoe Quinn accuse
Dans la foulée de ces déclarations, Zoe Quinn a décidé elle aussi de se confier. La développeuse de Depression Quest, cible d'une véritable cabale en ligne en 2014 après que son ex-compagnon a laissé entendre, en dénonçant sa conduite volage, qu'elle aurait eu des rapports sexuels avec plusieurs journalistes en échange de critiques positives, a décrit une relation profondément toxique avec Alec Holowka, co-créateur de Night in the Woods, voilà une dizaine d'années.
I've been silent about this for almost my entire career and i can't do it anymore. Sorry if this is rambling and messy, I'm scared shitless to out an industry legend like this but I can't live with the secret anymore 1/2 pic.twitter.com/DpbhtuaoEP
- zoë "bi fieri" quinn (@UnburntWitch) 27 août 2019
Elle y dépeint un homme violent, jaloux, insultant en privé, et qui, alors qu'elle entamait sa carrière, a tenté de l'isoler. Quinn, qui travaille actuellement comme Narrative Designer sur Solar Ash Kingdom pour Heart Machine, avoue ne plus se rendre à la Game Developers Conference depuis plusieurs éditions par peur de le croiser. Suite à ses tweets, elle a déclaré avoir reçu d'autres témoignages le concernant, entre plusieurs messages de soutien. Holowka n'a toujours pas répondu à ces déclarations.
D'autres voix commencent à s'élever, comme celle d'Adelaide Gardner, accusant quant à elle le programmeur de Splash Damage Luc Shelton d'agressions et de manipulation en 2017, dont elle n'aurait pas été la seule victime à l'époque. Et il semblerait que ce ne soit que le début.
Sarah Wellock, attachée de presse européenne pour Sega, a également dénoncé un comportement inapproprié durant la Gamescom 2019, de la part d'un journaliste :
At Gamescom I met a journalist who hugged me, I told him that was not okay. I did not know him and that was an intimate act.
He laughed and tried again, when he backed off he said I was no fun and boring.
When I said goodbye he kissed my hand.
It is not okay. Never okay.
- Little Oryx 💙🦁 (@SarahWellock84) 28 août 2019
Durant la Gamescom, j'ai rencontré un journaliste qui m'a pris dans ses bras. Je lui ai dit que je n'étais pas d'accord. Je ne le connaissais pas et je considère ce geste comme intime. Il a ri et tenté de recommencer, puis a reculé et dit que j'étais ennuyeuse et pas drôle. Lorsque je lui ai dit au revoir, il m'a baisé la main. Ce n'est pas bien. Ce n'est jamais bien.
En France, comme Feminist Frequency aux États-Unis, l'association Women in Games a ouvert un groupe de soutien pour les femmes qui souhaiteraient dénoncer des attitudes inappropriées et toxiques dans l'industrie.
De nombreuses femmes ont eu le courage de prendre la parole aujourd'hui pour dénoncer des personnes toxiques dans notre industrie. Nous les supportons. Un groupe de soutien au sein de Women in Games France est à leur disposition. N'hésitez-pas à vous rapprocher de nous. 💪🧡
- Women in Games 🇫🇷 (@wig_fr) 27 août 2019